Après le succès de qu’est-ce qu’on a encore fait au bon dieu ?, Frédéric Chau rempile avec Made in China, une comédie sur l’acceptation dans laquelle il campe le rôle d’un jeune père déconnecté de ses racines familiales et culturelles.
Made in China actuellement en salles
I N T E R V I E W
Made in China est un film sur les origines et la perception d’une communauté. En tant que scénariste et acteur, quel message vouliez-vous faire passer ?
Je voulais mettre en avant la communauté asiatique, loin des clichés réducteurs et condescendants qu’on peut voir dans d’autres fictions. Et faire un focus sur ces nouvelles générations d’Asiatiques qui revendiquent leur envie d’appartenir à la France sans abandonner leur héritage culturel pour autant.
Que pensez-vous de la représentation de la communauté asiatique au cinéma ?
Elle est encore minime, mineure même, mais j’ai vraiment l’impression que les choses changent. Il ne faut pas oublier que l’immigration asiatique date des années 70, les auteurs et scénaristes ne sont pas encore vraiment familiers avec cette communauté. J’ai le souvenir d’une interview de Jacques Audiard en 2009 pour la sortie d’Un prophète. On lui avait dit qu’il mettait beaucoup de communautés en avant (Maghrébins, Corses…) dans son film. Il avait répondu qu’il en avait marre de ne pas voir au cinéma ce qu’il observait chaque jour dans la rue.
Pourquoi avoir privilégié la comédie ?
C’est un moyen de désamorcer les choses, de déconstruire les clichés sans être plombant. Ce que j’ai essayé de faire dans Made in China, c’est jouer de ces préjugés pour que les gens se disent : « Je suis bête de penser ça d’eux. » Quand j’ai commencé à écrire le film, j’ai fait un constat. Beaucoup des grands succès en France sont des comédies communautaires (Bienvenue chez les Ch’tis, La Vérité si je mens…). Je trouvais que c’était un des meilleurs vecteurs pour parler de choses profondes sur un ton léger.
Vous retrouvez Medi Sadoun après Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? Qu’a-t-il apporté au film ?
Il joue à merveille le personnage de Bruno, dans toute sa folie et son humanité. Il ne fallait pas qu’il soit dans une optique pédante, condescendante ou méchante dans sa découverte du 13e arrondissement parisien, mais plutôt qu’il communique une curiosité aussi maladroite qu’honnête. On s’est inspirés du personnage de Spike dans Coup de foudre à Notting Hill. Il est complètement fou mais c’est lui qui dit les vérités !
C’est un projet que vous avez commencé à écrire il y a huit ans. Y a-t-il une dimension autobiographique dans ce film ?
Il y a beaucoup de moi dans le personnage de François en termes de discriminations, de stigmatisations et de maladresses que j’ai pu subir. Et la famille est une thématique universelle qui revient beaucoup dans mes projets.