Laure de Clermont-Tonnerre filme avec délicatesse la rencontre salvatrice d’un prisonnier taciturne et d’un cheval sauvage.
Ce film porte le label L'Autre Regard des Cinémas Pathé et Gaumont.
Voilà un premier film qui étonne autant qu’il séduit. Par son sujet d’abord – la thérapie animale en prison –, puis par le regard surprenant de tendresse qu’il pose sur ses personnages, des hommes incarcérés pour des crimes violents. Roman (Matthias Schoenaerts) est l’un de ces prisonniers, enfermé entre les murs froids et étroits d’une prison du Nevada. Roman ne parle à personne, même pas à sa fille lorsqu’elle tente de lui rendre visite. Puis, un jour, s’offre à lui l’opportunité de participer au programme de dressage de chevaux sauvages organisé dans la prison. Roman se confronte alors à un mustang, et puise dans l’animal silencieux le reflet de sa condition. Le temps d’une journée passée à la ferme, la prison s’efface, tandis que Roman tente, non sans mal, d’entamer un dialogue avec l’animal. « Je trouvais très beaux ces liens purs et poétiques dans un univers si agressif. Cela m’offrait un contraste moral, visuel et narratif très fort », explique la réalisatrice Laure de Clermont-Tonnerre. Après s’être longuement documentée dans les prisons américaines, la cinéaste s’entoure d’une équipe investie, mêlant acteurs professionnels (Bruce Dern, Jason Mitchell, Connie Britton) et anciens détenus. Parmi eux, Thomas Smittle (Tom dans le film), rencontré quelques années avant le tournage à sa sortie de prison, devenu entraîneur après avoir suivi un programme identique. La réalisatrice confie le rôle de Roman au Belge Matthias Schoenaerts – « toujours dans le corps, jamais dans les mots » –, dont la capacité de transformation ne cesse d’impressionner. Au fur et à mesure que le lien se tisse avec le cheval, le corps de l’acteur, comme ankylosé par la culpabilité, se délie peu à peu pour se laisser submerger par l’émotion qui le gagne, emportant le spectateur avec lui.
Découvrez la bande-annonce du film :
3 bonnes raisons d’y aller :
1. Pour le message d’empathie
La réalisatrice montre l’importance de ces thérapies au sein de l’univers carcéral qui offrent une seconde chance aux prisonniers. Et envisage d’organiser des projections du film dans les prisons américaines et françaises.
2. Pour Matthias Schoenaerts
L’acteur impressionne en prisonnier introverti dont le corps épais dissimule une grande vulnérabilité. Filmés en gros plan, ses yeux traduisent son affection grandissante pour le cheval et l’émotion silencieuse qui le traverse.
3. Pour la puissance esthétique
La réalisatrice joue avec les couleurs et invente une hiérarchie dans les tenues des prisonniers, en harmonie avec le ciel dans les vêtements bleus de la ferme, et en puissant contraste dans leurs costumes orange de détenus.