Porté par des français, Playmobil, le film rivalise avec les blockbusters d'animation américains. Rencontre avec l'un de ses producteurs, Aton Soumache.
Il aura fallu plus de vingt ans à Aton Soumache pour réaliser son rêve : faire de grands films ambitieux d’animation pour «concurrencer» les films familiaux américains.
De Renaissance à Playmobil, le film, en passant par Le Petit Prince, ce passionné a construit un parcours original et exemplaire. Il représente parfaitement la France, terre d’innovation en matière d’animation et de technologie.
C’est au milieu des années 90 qu’Aton Soumache se lance dans l’aventure. À sa jeune société, il donne le nom d’une pierre aux propriétés étonnantes : l’onyx. Après moult péripéties, et neuf ans de travail, Renaissance arrive sur les écrans en 2006. À la fi n de la production, Aton Soumache va faire une rencontre capitale, celle du jeune producteur, Dimitri Rassam. Animés par un même goût pour les défis, les deux hommes vont faire un rêve fou, voire impossible pour beaucoup : adapter Le Petit Prince de Saint-Exupéry en animation. Pour y parvenir, ils créent leur propre studio d’animation, On Animation, entre Paris et Montréal. Présenté hors compétition au Festival de Cannes 2015, Le Petit Prince de Mark Osborne (et son casting de voix quatre étoiles : Rachel McAdams, Paul Rudd ou encore Jeff Bridges en VO, Marion Cotillard, Guillaume Canet, Vincent Cassel, entre autres, en VF) va ensuite devenir un hit international qui rassemblera près de 20 millions de spectateurs. Le plus gros succès pour un fi lm d’animation français. Que faire après ? «Je suis revenu à ce que j’aimais gamin, confie Aton Soumache. Les Playmobil ont porté mon enfance ; avec eux, j’ai délivré ma soeur, j’ai escaladé les murailles du château, je suis devenu un chevalier. À l’inverse de LEGO, qui est un jeu de construction, Playmobil offre un véritable univers narratif.»
De Disney à Playmobil
Reste à convaincre la marque et ses héritiers. Jusque-là, la famille Brandstätter a toujours dit non aux projets de film. «J’ai une certaine habitude des ayants droit, explique le patron d’On Entertainment. J’ai travaillé avec Avi Arad de Marvel sur Iron Man, avec les héritiers de Chaplin pour la
série Chaplin & Co, avec les familles Sempé-Goscinny pour Le Petit Nicolas et avec la famille Saint-Exupéry pour Le Petit Prince. Je suis toujours très respectueux des marques. C’est mon historique qui a eu raison des réticences de la famille “Playmobil”»
Reste ensuite… l’essentiel : construire une histoire ! Il y a 3000 mondes chez Playmobil et des centaines de milliers de personnages ! Une sacrée gageure. « L’objectif premier était pour nous de replonger le spectateur dans l’état d’esprit qui était le sien lorsqu’il jouait aux Playmobil et de lui faire revivre les émotions qui le traversaient dans ces moments-là.» Une fois ces bases posées, encore fallait-il dénicher la perle rare capable d’imaginer un tel récit puis
de le mettre en images. «L’Américain Lino DiSalvo, qui a supervisé toute l’animation de Raiponce et de La Reine des Neiges s’est imposé à nous avec cette idée de transformer des personnages réels en Playmobil et de les faire évoluer d’un univers à l’autre.» Playmobil, le film devient ainsi un hommage au cinéma, aux films de Vikings, aux westerns, aux James Bond, Braveheart, Blade Runner... et s’amuse avec ces références. «Ce qui offrira aux parents
une lecture forcément différente de celle des enfants.»
Ce lien entre les générations constitue un élément essentiel pour toutes les parties prenantes de ce projet car, puisque les Playmobil existent depuis 1974, les adultes d’aujourd’hui qui ont passé du temps à jouer avec ces petites figurines dans leur enfance vont donc pouvoir vivre ce fi lm comme une madeleine de Proust.
Un récit musical
Si DiSalvo a parfaitement réussi à tisser ce lien-là, son apport se fait aussi sentir dans son choix d’intégrer des chansons au récit. «J’étais très sceptique au début, avoue Anton Soumache, mais Lino m’a convaincu que cela allait se marier parfaitement avec l’univers positif, enfantin et sympathique de Playmobil. Et pour y parvenir, il a collaboré avec des auteurs de comédie musicale de Broadway.» Pour trouver les voix du film, il a logiquement fallu dénicher des
acteurs qui sachent chanter. «Aux États-Unis, on a eu la chance d’avoir des voix comme Meghan Trainor et Adam Lambert. En France, Jenifer Bartoli a accepté de jouer la bonne fée et Jérôme Commandeur fait, lui, une proposition très burlesque, à la Monty Python.» Playmobil, le film possède donc tous les ingrédients du film familial d’aventure enchanteur. «Avec le recul, je suis évidemment fi er de l’univers visuel de ce fi lm, de l’aventure qu’il raconte, des formidables scènes d’action, de l’humour et des chansons. Mais le plus important reste pour moi les fortes émotions qu’il réussit à provoquer. En fait, avec les Playmobil, on a le sentiment que tout est possible. On crée des règles et on devient soi-même un personnage du film. Car, comme nous le rappelle le protagoniste central de ces aventures, il ne faut jamais oublier ses rêves et son enfance.» Et si le public accroche et fait de ce fi lm un succès, des idées
pour une suite sont déjà en chantier. L’univers Playmobil n’a pas dit son dernier mot sur grand écran !