Dans Yao, un road-movie sensible en plein cœur du Sénégal, l'acteur se penche sur ses racines africaines et offre une prestation tendre et émouvante.
Un éclat de rire, une glissade et des bras levés en signe de victoire. Dans les mains, un César du meilleur acteur pour Intouchables. « J’ai fait genre j’m’en fous, mais j’suis comme un dingue ! Merci », crie Omar Sy avant de quitter la scène du théâtre du Châtelet. Nous sommes en 2012. Intouchables tutoie alors les 20 millions d’entrées et Omar Sy ne touche plus terre. Enfin pas vraiment. L’acteur n’est pas du genre à exploser en plein vol, même si un départ pour Hollywood dans la foulée fait un peu peur. Son expérience au pays des blockbusters dans les sagas X-Men, Jurassic World ou Transformers impressionne mais son énergie paraît comme empêchée au milieu d’une surenchère pyrotechnique. L’avenir d’Omar Sy est aussi ailleurs. D’abord ici en France où l’attendent ses complices Éric Toledano et Olivier Nakache, ceux qui ont toujours cru en lui, même lorsqu’il n’était encore qu’un formidable « pitre » télévisuel sur Canal+. Il y a eu Samba en 2014, un rôle dramatique où il campe avec finesse un sans-papiers sénégalais. Une prestation tout en retenue qui élargit un peu plus son horizon. Puis Hugo Gélin l’a dirigé dans Demain tout commence, un film d’une tendresse désarmante qui fait étrangement écho à ce Yao qui sort ce mois-ci.
Prendre un enfant par la main
Dans ce road-movie réalisé par Philippe Godeau et tourné quasi intégralement au Sénégal, Omar Sy campe une sorte de double fictionnel, soit un acteur français reconnu, qui, le temps d’un voyage promotionnel à Dakar, fait la rencontre d’un bambin et s’ouvre ainsi à une culture qu’il ne connaît pas. Ce film, dont Omar Sy est aussi le coproducteur, est dédicacé à son propre père : Demba Sy. Et de fait, il est surtout question ici de paternité, de transmission. Seydou Tall est contraint par son ex-compagne de laisser son fils à Paris. C’est un crèvecoeur tant ce voyage se voulait pour l’un et l’autre initiatique. Sur place, Seydou rencontre donc Yao, même âge que son fils. Le rapprochement semble inévitable. Ces deux-là vont faire un bout de chemin ensemble, loin du confort climatisé et des king size bed des palaces. Sur cet effet miroir qui relie Omar à Seydou, l’acteur tient tout de même à préciser : « Nous avons en commun d’avoir réussi dans le milieu du cinéma. Nous pouvons faire des choix et jouissons d’une forme de succès. Mais j’ai ce que lui n’a pas : une histoire claire avec mon père, avec mon passé et mes origines, ce qui me permet d’être un père épanoui aujourd’hui. Seydou lui ne sait pas où il va ni d’où il vient… » La tête sur les épaules, des rêves plein la tête, Omar Sy, peut avancer tranquille. Au sud, à l’est, à l’ouest, au nord, l’acteur abolit les frontières.
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